Effroi

Publié le 25 Août 2016

Au milieu de ce cahot intérieure, brille une lueur d'espoir : le cancer appartiendrait à une catégorie la moins sévère et le stade de la maladie serait peu avancé.

Je me raccroche à cette information, je ne veux retenir que celle-ci...

Les médecins parlent alors de chimio. A aucun moment, la chirurgie n'est évoquée. Je trouve celà curieux car je sais, pour connaitre une personne atteinte de ce mal, que le traitement premier, celui qui a les résultats les meilleurs est la chirurgie. Par manque de courage, par peur d'inquiéter encore plus mes parents, je n'ose pas poser la question. Je garde tout ça pour moi.

Ayant pour habitude de donner des noms aux choses, aux événements, c'est à ce moment là que, je décide de donner un nom à ce foutu cancer : ce sera Raoul le Crabe. Parce que c'est un prénom que je déteste.

C'est une période difficie pour mon moral, je pleure beaucoup lorsque je suis seule. J'arrive devant mes amis à maintenir un semblant de gaieté, à rire, bien que personne autour de moi ne soit dupe de la comédie que je leur livre. Je les remercie de faire "comme si". Je sais qu'au fond d'eux, ils se joignent à ma peine, alors inutile d'en rajouter.

A l'occasion du 15 Aout, nous passons quelques jours chez mes parents. Les enfants sont ravis de les voir. Ma fille de 8 ans a bien compris que quelque chose de grave se jouait. Je prends le temps de lui en parler clairement avec des mots que j'espère appropriés. Je ne veux pas dramatiser mais elle sent l'angoisse dans ma voix et pleure. Je pleure avec elle. Les enfants comprennent tout. Mon fils de 4 ans est encore insouciant. Il met de l'ambiance et de la joie dans la maison.

Mon père, hospitalisé depuis quelques jours doit sortir le lendemain de notre arrivée pour ne commencer sa cure de chimio que la semaine suivante.

Nous allons enfin être tous réunis pour passer quelques bons moments ensemble avant de livrer bataille.

Nous ne voulons pas que ces quelques jours de vacances soient tristes et décidons, mon mari, mes enfants et moi, de partir passer, le lendemain, passer la journée sur une petite île toute proche, comme nous l'aurions fait en temps normal, pour que la vie reprenne le dessus sur Raoul.

C'est une escapade bien agréable, il fait très beau. Après la traversée en bateau, nous louons des vélos pour nous balader de plage en plage. je fais de jolies photos des enfants.

En fin de journée, je contacte ma mère pour savoir si mon père est rentré à la maison, les enfants ont hâte de le voir ailleurs que dans cette froide chambre d'hopital. Immédiatement, je sens à sa voix que quelque chose cloche. Elle ne veut rien me dire, mais je la connais trop. J'insiste...

Il est 18 heures, nous sommes dans le joli bois d'Amour de l'île, entourés de la senteur des pins en cette fin d'été, que le soleil rasant à cette heure, illumine de mille reflets, pourtant, je ne vois plus rien, je ne sens plus rien, il n'y a que ces mots prononcés à l'autre bout du fil :

"Il y a des nodules au cerveau, ton père ne sortira pas aujourd'hui"

Devant les enfants, par je ne sais quelle force surhumaine, je parviens à me contenir alors que j'ai envie de hurler. Je ne trouve pas les mots pour écrire ce ressenti.

Nous rentrons.

De retour à la maison, mon mari s'occupe des enfants alors que ma mère et moi partons marcher, comme pour évacuer notre détresse et l'enfouir dans la nuit tombante. Serrées l'une contre l'autre, nous pleurons beaucoup, envisageons le pire.

Nous passons une nuit affreuse.

Rédigé par Anne Maury

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