novembre

Publié le 13 Novembre 2017

Le décès de mon père m'a fait l'effet d'une pierre violemment jetée dans un lac calme et limpide qui n'avait jamais connu telle tempete. Elle a eclaboussé notre vie en remettant tout en cause. Puis, les ronds dans l'eau se sont faits de plus en plus petits et finalement la surface est redevenue calme.

En apparence, la vie a repris son cours.

En apparence seulement car plus rien ne sera plus comme avant. La surface est calme, mais j'ai encore le mal de mer. Il nous manque tellement. A maman bien sur. Mais aussi à moi. Par moment, je n'arrive pas toujours à realiser que plus jamais nous ne pourrons nous parler, échanger, rire ensemble. C'est Raoul qui a eu le dernier mot. Souvent je repense à nos derniers jours et forcement, les larmes me viennent. Sur le moment, je pensais avoir reussi à tout lui dire, combien il était important et combien je l'aimais. Mais avec le temps, des regrets viennent encore assombrir ce tableau. C'est trop tard. Trop tard pour un dernier mot, pour un dernier regard.

Je me souviens que la veille de son décès, il avait les yeux secs et collés. Il les gardait fermés. Moi, je restais à son chevet et je lui parlais de tout et de rien, du passé, des enfants, des projets que j'avais. Je sais qu'il m'entendait ; je le lui disais : "tu sais combien je peux être bavarde alors, si je te saoule avec mes paroles, fait un signe et je la bouclerai. Tu veux que je te raconte encore la vie ?" il avait fait oui de la tête. Ma cousine était venue me rejoindre. Elle aussi, elle est dans le genre très locace.

Cet après midi là, le dernier, je m'était penchée vers lui pour lui déposer un gant frais sur les yeux. je le lui ai dit "papa, je vais te poser un linge humide, ça te rafraichira et decollera un peu tes yeux, je frotte mais doucement, ne t'en fait pas, tu vois, c'est à moi de prendre soin de toi !"

Une larme a coulé au coin de son oeil. Je n'ai pas de suite compris. Ce n'est que plus tard que ce que j'avais pris pour je ne sais quoi, était une larme, la dernière de ses larmes que j'ai essuyer avec ce linge. je n'ai pas réagi, je n'ai rien dit. Nous qui avons tant ri ensemble. Le dernier de nos échanges a été une larme.

Bien sur, cela ne change pas grand chose en définitive. C'est ce que je tente de dire à ma pauvre cervelle qui bouillonne de ces derniers moments.

Il ne faut pas se retourner. Je ne dois pas me retourner.

Noël approche. Il disant qu'il fallait acheter un sapin de la marque Monbo, les meilleurs, les monbo sapin....

 

 

 

Rédigé par Anne Maury

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