Le temps passe

Le temps passe et je ne prends plus le temps de mettre à jour ce journal comme je me l'étais promis. Peut être faut il y voir un acte manqué, comme pour oublier que Raoul fait, hélas, toujours partie de notre vie.

Nous avons malgré tout passé de bonnes fêtes de fin d'année, enfin de manière aussi joyeuse que possible.

Mes parents sont venus quelques jours au moment de Noel, cela a permis à ma mère de souffler un peu, de voir autre chose et de profiter des enfants. Mon père était assez fatigué, il a beaucoup dormi.

La nouvelle année n'a pas apporté la bonne nouvelle d'une rémission que j'esperais tant. Raoul fait de la résistance et ne semble pas vouloir lacher sa pince si facilement.

L'oncologue veut faire une "chimio d'entretien" ... plus légère, moins agressive... et c'est reparti pour 6 séances à raison d'une par mois. Cette expression "chimio d'entretien" m'aurait habituellement fait marrer si le contexte était plus joyeux ! Comment un truc qui te détruit peut-il aussi d'entretenir ? "Bonjour Madame, je viens pour mon entretien mensuel à coup de chimio qui me dézingue bien l'estomac et le moral "

Mais que faire d'autre. Encore une fois, je me sens désarmée. Je ne sais plus quoi dire ni quoi faire.

Déjà deux séances de passées. A la prochaine, fin février, mon père aura un scanner de contrôle. Je n'ose plus rien esperer. Nous avons si peu de prise sur ce fichu crabe.

Mon mari et moi sommes partis quelques jours en vacances, loin, très loin. Je voulais essayer d'oublier un peu, essayer de penser à autre chose.

Sur la plage de rêve où nous nous promenions, il y avait de petits crabes qui, à notre vue, disparaissaient dans leur trou de sable. Ils était si rapides qu'on pouvait à peine les voir. Impossible de les saisir... Portant, rien que pour le symbole, j'en aurais bien écrabouillé un ... C'est môche, ils n'y sont pour rien... je n'ai pu m'empecher de penser à Raoul... lui aussi, il est insaisissable et pourtant, il fait aussi des trous dans notre vie.

J'ai eu ma mère au téléphone. Je l'ai sentie épuisée et surtout résignée.