Des nouvelles

Publié le 2 Mai 2017

Des nouvelles qui n'en sont pas, des non-nouvelles en quelque sort. Rien ne se passe. Mon père est toujours hospitalisé. Il a le droit de rentrer à la maison le week end où, là encore, rien ne change. Il est toujours aussi fatigué et faible, il dort toujours beaucoup, il a toujours le moral dans les chaussettes, chaussettes qu'il n'arrive d'ailleurs plus à mettre lui même, c'est dire.

Voilà.

Je dois vous avouer que nous nous sentons, ma mère et moi, completement abandonnées par le systéme médical. Je sais bien que les toubibs et infirmières font de leur mieux, qu'ils sont sans doute dépassés par cette fichue maladie tellement compliquée, mais quand même, ce n'est pas humain ne nous laisser comme ça dans l'attente, l'expectative, le non-dit. Cela fait plus de trois semaines qu'il est dans cette petite chambre, la numéro 164 mais c'est l'immobilisme. Il ne reçoit plus aucune chimio, ni immunothérapie, sans que l'on sache pourquoi ni quand il doit recommencer.

Au début de son hospitalisation, l'oncologue lui avait dit qu'il devait poursuivre les séances d'immunothérapie, et aller jusqu'au bout des 8 cures prévues, que c'était important. Finalement, quelques jours après, il lui dit qu'il allait reprendre la toute première chimio, celle qui avait bien fonctionné mais abimait ses reins... Exit l'immunotherapie, circulez, plus rien à voir... Il faut avouer qu'il y a de quoi en perdre son latin et que ce n'est pas fait pour apaiser nos angoisses.

Quand ma mère pose des questions, les réponses sont vagues et floues. Quand je pose une question, l'oncologue me dit que je n'ai pas de pouvoir pour l'interroger, qu'il faut voir avec mon père et il me brandit son fichu secret professionnel. Mon père, lui, est déjà un peu ailleurs, la faute à tous ces médicaments qui le shootent.

Alors quoi ? Que suis-je censée faire ? Rester à attendre en tirant des plans sur la comete ? Au fond de moi, j'ai envie de le voir, ce sacré oncologue et de lui vider mon sac, sur son manque d'empathie, sa froideur, son pseudo secret professionnel. Mais ce n'est pas dans mon éducation de faire des vagues et ma mère me demande de ne rien faire.

Je le regretterai sans doute, j'en suis consciente.

Voilà pour ce billet d'humeur qui ne change pour autant rien à la situation dans laquelle nous sommes : au fond d'une impasse sombre et froide, sous une pluie battante qui douche nos espoirs.

 

Rédigé par Anne Maury

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