les mots

Je ne sais pas si je parviendrais à les poser sur ce billet. J'essaye pourtant, comme pour y déposer mon chagrin.

Jeudi, le mot que je craignais a été prononcé : palliatif. Quel mot affreux. Que peut on prétendre pallier quand le traitement a échoué ?

Car c'est bien de ça dont il est question... Raoul gagne la partie. Petit à petit, il a envoyé ses troupes grignoter partout où cela est possible.

jeudi soir (le 4 mai), je suis allée chez mes parents en catastrophe après cette douloureuse annonce et j'ai trouvé ma mère épuisée physiquement et moralement. Elle reste forte malgré tout et tente de maintenir un soupçon de dignité. Moi, je n'y arrive pas. Je pleure, je ne suis pas aussi forte.

Le lendemain, avait lieu la signature de la vente de la maison du bord de mer. C'était bien que je sois présente pour soutenir ma mère, un peu. Les acheteurs sont charmants, une jolie famille qui nous ressemble. Je sais déjà qu'ils seront aussi heureux que nous l'avons été dans la maison au toit d'ardoises. Nous avons donné les clefs. C'est un chapitre qui se tourne.

Par la suite, nous avons rencontré l'oncologue. J'ai pu lui poser les bonnes questions, celles qui me taraudaient depuis des semaines.

Il a été clair. Aucune rémission n'est plus possible. Les traitements visent à ralentir la progression de Raoul.

le reste du week end, nous avons pu aller le chercher pour la journée. Il a pu déjeuner avec nous et devait rentrer vers 18 h. Il marche difficilement. Lui qui adorait arpenter les chemins cotiers avec son chien, peine à faire quelques metres seul. Nous avons dû nous ressoudre au fauteuil roulant.

Je ne sais pas s'il profite reellement des moments que nous passons ensemble. Mon mari nous a rejoint le samedi avec les enfants et nous avons fêté l'anniversaire de notre fils. Les enfants mettent un peu de joie dans ces tristes circonstances. Ils nous font aller de l'avant.

je suis rentrée le coeur gros.

Les jours qui viennent seront rudes.