Clap de fin

Il est 14 heures en ce lundi 29 mai. Le matin, c'est Maman qui est venue te tenir compagnie. Nous avons décidé de nous relayer pour que tu ne sois pas seul. Ca t'aurait rendu dingue de nous voir chambouler ainsi nos vies, toi qui n'aimait pas géner. Depuis samedi, ta respiration est difficile, tu es très encombré malgré les perfusions censees te soulager. Maman t'a trouvé apaisé, tu dormais. Elle est rentrée et nous avons déjeuner avec les enfants.

Il est 14 heures, j'ai laissé maman à la maison après le déjeuner. il pleut. J'ai eu du mal à trouver une place sur le parking de la clinique. Il y a foule. Je me dis que Raoul et ses potes ont de beaux jours devant eux...

Il est 14 heures, j'ai amené pour toi des cd qui tu aimais écouter et un bouquin, nous avons toujours partager cet amour de la lecture. Je grimpe les escaliers jusqu'à ce foutu service oncologie.

Il est 14 heures, je toque à la porte, j'entre dans ta chambre, la numéro 164.

Il est 14 heures, tu ne m'as pas attendue.

Je crois que j'ai crié en sortant de la chambre. J'ai trébuché sur le chariot de l'aide soignante. Le médecin a couru vers toi, elle a levé les yeux, nos regards se sont croisés. De toutes façons j'avais compris.

Il est 14 heures, Raoul est parti, mais toi aussi.

Pour le reste, je ne sais plus. Je pleure, je tape du pied, je n'accepte pas, je veux que tu reviennes.

Il est 17 heures. Il faut se rendre à l'évidence, je reste avec tous tes bons mots à ne savoir qu'en faire.

Nous sommes bien entourées, Maman et moi.

Bientôt, il nous faudra te dire adieu dans une interminable cérémonie oú tout le monde pleurera. Mon appréhension est immense, à l'égale de mon chagrin.

Il va falloir apprendre à faire sans toi, à continuer sans toi, à vivre sans toi.

Un jour, les souvenirs joyeux viendront adoucir notre peine.

Un jour, tu viendras jouer les farceurs dans mes rêves...

tu viendras hein ? Viens vite, tu me manques déjà tant.

Ta fille, "your daugther"